Collection de Bedreskungs

Réception de ce matin : envoyé, ce qui constitue déjà une originalité, dans une boîte en bois scellé aux vis Torx (heureusement que j'avais un tournevis Torx à la maison), un ensemble de couteaux à reboucher à embase, neufs de stocks, provenant de chez Bernard & Chevalier, usine à Poulangy.



Encore tout graissés d'origine !

Les 2 de droite sont respectivement : un petit couteau à reboucher simplement marqué "Nogent", qui doit venir d'une boîte différente ; et un couteau à mastiquer de chez B&C comme les autres.

Chose assez amusante, les viroles sont en laiton, sauf pour deux d'entre eux où elle est en cuivre rouge. Le couteau à mastiquer est l'un d'eux, et son manche bien noir rend l'esthétique plutôt sympa.

Manifestement, il n'y a pas que l'emballage qui est de qualité.
On pourrait les mettre sur la table sans problème. Joli !

Et voilà restauré le couteau à fromage à un manche tout rouillé que j'ai reçu il y a peu. Marquage d'un détaillant parisien, le "G" dans un ovale de Félix Georget à Nogent. Lame de 21cm, manche assez mastoc style boucher mais modifié.

Je suis assez content du résultat !







Ils donnent plus de boulot, mais je trouve que c'est les couteaux les plus satisfaisants, ceux qu'on achète trois fois rien et qui sont tout rouillés et qui après un bon grattage retrouvent une seconde jeunesse !

Pour changer un peu de mes trouvailles de d'habitude, voici un lot de deux couteaux chirurgicaux chopés dernièrement pour quelques euros et que j'ai soigneusement nettoyés. Tout à gauche, un couteau Charrière manche ébène que j'avais déjà avant, pour comparaison.



Les couteaux de gauche et central sont des couteaux à amputation. Ils se reconnaissent à leur lame très élancée, épaisse (5mm à l'embase) et à leur émouture légèrement concave. La longueur de la lame permet de voir à quel usage ils étaient destinés : 10/12cm pour les phalanges, 15/16 pour les bras, 18/19 pour les jambes jusqu'au genou, 21/22cm pour les cuisses. Ceux-là ont des lames de 16cm.

Le dernier couteau a une lame un peu plus courte (14,5cm) et plus large, moins épaisse (3,5mm) et une émouture plus classique, il faudrait que je cherche dans de vieux catalogues d'époque pour voir quel usage on lui réservait. Peut-être un couteau pour autopsies ? Il porte sur le ricasso un marquage Vitry Frères, une boîte nogentaise fabriquant principalement des ustensiles chirurgicaux qui sous-traitait pour un certain nombre de détaillants parisiens spécialisés, comme Charrière ou Collin par exemple. Détail curieux, sa lame est magnétisée.



Une petite photo supplémentaire pour se rendre compte des épaisseurs :



Le Charrière est monté à l'ancienne, avec un manche ébène quadrillé et une virole en maillechort. Les deux autres sont munis de manches plus tardifs (probablement vers 1900) en maillechort. Le couteau à amputer porte également un petit marquage sur le manche, qu'on peut distinguer sur le bord gauche de la dernière photo, qui semble indiquer "C.H.M.", avec ce qui ressemble à "ON" ou "OR" en exposant après le C, dont j'ignore la signification. J'ai de petits couteaux à cartilages Charrière et Galante, qui portent de petits marquages semblables sur la soie : "Con74" pour les Charrière, "HM81" pour le Galante. Peut-être un poinçon qualité ou quelque chose du genre ?

Le Charrière me pose question. Soit il est très ancien (avant qu'on invente la stérilisation), soit il était réservé aux autopsies.
Peu de matériaux résistent aux multiples passages à la vapeur, même un ébène de qualité.

J'ai trouvé cette page d'un catalogue d'une autre maison qui montre les différentes tailles de lame et leurs formes.
Pour couper le lomo à l'apéro, c'est classe !

rosalux a écrit:

Le Charrière me pose question. Soit il est très ancien (avant qu'on invente la stérilisation), soit il était réservé aux autopsies.
Peu de matériaux résistent aux multiples passages à la vapeur, même un ébène de qualité.

D'après wiki, l'autoclave à usage médical a été inventé en 1879. La maison Charrière ayant été rachetée par Collin fin des années 1860, ce couteau-là doit probablement dater des années 1850, soit avant la stérilisation vapeur. Avant, ils faisaient probablement en passant la lame dans une flamme, ou en la plongeant dans un solvant type éther diéthylique ou éthanol ?
Après, je pense que ce type de manche est resté un peu plus longtemps dans les ustensiles chirurgicaux, ne serait-ce que pour les trousses de chir de campagne/de marine qui n'avaient pas forcément d'autoclaves sous la main. À vérifier. En tout cas, les couteaux à autopsies avaient des formes différentes.

Citation :

J'ai trouvé cette page d'un catalogue d'une autre maison qui montre les différentes tailles de lame et leurs formes.
Pour couper le lomo à l'apéro, c'est classe !

Pas sûr que ce soit le plus adapté, mais bon, ça ferait le taff

J'avais chopé il y a quelques temps un cuisine suédois fait pour l'export en France, lame de 18cm, manche ébène, avec le projet de lui trouver un jour un petit frère. C'est chose faite avec ce 12cm reçu aujourd'hui.





C'est un peu mieux après nettoyage, ils étaient joliment polis à l'origine :

Très jolis, ceux-ci !
Deux par-ci, deux par-là… Le jour où on les verra tous ensemble, ça va faire une grande famille sur la photo.
Question bête mais importante pour moi : Tu les stockes comment ?
J'ai fait des étuis en carton aux miens et je les colle sur une barre aimantée mais ils rouillent aux points de contact avec les barres, d'où ma question.

Huhu, pour le coup j'en pose un peu partout où il y a de la place, et j'en empile plein dans des boîtes en carton... pas assez de place

Y sont chouettes ces 2 la !

Trouvés et reçus récemment, une série de couteaux de table marqués de chez Tichet, période sans doute années 1870/80. Mitres argent, lames yatagan ; quant au manche en corne blonde il a une forme assez inhabituelle que je ne crois pas avoir déjà vue jusqu'à présent. Ils ont de jolis marquages, je suis content, jusqu'à présent je n'avais pas de tables de cette marque dans ma petite collection ! Bon après, avec 12 tables et 11 desserts, la resto à la main c'est un peu galère quand même, va falloir que je dilue pour éviter l'ennui et les tendinites

Bien sales et rouillés, heureusement c'est superficiel et ça part extrêmement bien au 240 à l'eau. Pour la fabrication, ils viennent très probablement de chez Guyot Frères au Seuillon, usine qui sous-traitait pour Tichet jusqu'en 1920. Ci joint un petit avant/après.







Idéalement à terme il faudra que je leur trouve une boîte !

Reçu aujourd'hui une très jolie pièce : un couteau de cuisine modèle "Idéal", vraisemblablement thiernois et assez ancien, probablement des débuts de ce type de montage. Lame de 20cm, semelle amincie, une lame bien plus mince que les couteaux récents (on passe de 4mm au talon à 1mm à mi-longueur). Une embase soigné bien fine, des plaquettes en bois mais qui n'ont pas l'air d'être de l'ébène - peut-être du bois noirci. Les rivets sont tout simples : des baguettes en laiton. Je suis bien content de l'avoir trouvé, c'est plutôt rare de trouver de vieux vieux Idéals qui n'aient pas subi les ravages de dizaines d'affûtages sauvages !

Il y avait une ou deux marques dans le tranchants, qui ont vite disparu après un passage à la pierre.

Avant :



Après nettoyage et ré-aiguisage :





Le marquage est très net et joliment lisible : un 313 couronné, agrémenté d'un "garanti" en arc de cercle. Je n'ai pas trouvé cet exact logo sur Marques de Thiers, mais le 313 semble rattaché aux familles Ytournel et Fontenille. Le 313 dans un ovale était déposé par Génicot en 1926.

Arrivé récemment, ce couteau très particulier : je le soupçonne d'être une tentative des thiernois pour imiter les couteaux "modèle Tichet" de Nogent, avec leur lame très épaisse et leur émouture très bombée au talon, puis très mince sur la seconde moitié, pour pouvoir à la fois couper les petits os et émincer dignement. On part vraiment sur le même principe, mais avec un montage en plate-semelle et de fausses mitres en laiton. Les plaquettes sont en ébènes, maintenues en place avec de gros rivets à rosettes qui ne sont pas très gracieux, mais qui ont l'avantage d'être solide. Semelle amincie (naturellement, pour les couteaux de cette époque).

On peut voir l'épaisseur très importante de la lame et le distal taper progressif. La lame est énorme est mesure pas moins de 36,5cm. Un des plus gros cuisines de ma collection !









Du style Nogent il reprend également les nombreux marquages. Là on a simultanément celui du détaillant (Baudinetto à Cannes), du fabricant (L'Enclume) et celui du modèle ("Couteau-Chef", déposé).



J'avais déjà eu connaissance de ce modèle via un catalogue de coutellerie des années 40, le catalogue Archimbaud à Lyon, numérisé intégralement sur lecouteau.info. Voici la page en question :



Je suis content d'avoir pu en trouver un !

Oh pinaise !
En voici un que j'aimerais beaucoup avoir entre les mains ; juste pour en apprécier la bascule.
On a l'impression que sur une planche, rien ne pourrait lui résister.
Avec des rosettes moins bâclées, il aurait pu se faire passer pour nogentais sans problème.
Au départ de lame, on est à combien ? Je dirais à vue de nez dans les six millimètres.
"l'enclume", je crois que c'est une marque de Bargoin.

Exactement ! Avec des rosettes plus petites et classiques et de simples rivets fer, ainsi qu'un montage soigné, il aurait été plus raffiné, parce qu'à part ça c'est quand même du joli travail et de beaux matériaux. Après nettoyage le rivet des fausses mitres est tout bonnement invisible.

Je ne l'ai pas mesuré avant de partir en vacances, mais de mémoire on est sur du plus épais que ça, dans les 8-9 je pense. La lame est quand même particulièrement énorme. Je mesurerai à mon retour.

ah ouais quand meme ! J'essaierai bien un couteau comme ca pour voir !

Joli ajout dernièrement. J'ai trouvé ce super service à découper de chez Belime Fabricant à Langres, probablement datant des années 1870-80. Fait main, le service est inhabituel par la matière des manches (corne de buffle au lieu des habituels ébène ou corne blonde) et par la longueur de la lame : 20cm au lieu de 18,5cm le plus souvent. Un très bel ensemble dans un super état ! On avait essayé de les repolir avec un touret, ce qui avait laissé plein de marques moches comme tout... mais heureusement ce fut fait avec un grain très fin : en frottant un peu c'est parti facilement.

Quelles superbes pièces !

Ah ouais ! top ca dis donc !

Et tant que j'y suis .. a quoi sert le truc sur la fourchette (qui fait comme une patte ?)

Fr@nk a écrit:

Ah ouais ! top ca dis donc !

Et tant que j'y suis .. a quoi sert le truc sur la fourchette (qui fait comme une patte ?)

C'est prévu pour la découpe "à l'anglaise" du gigot ! Dans ce cas-là on ne coupe pas les tranche perpendiculairement à l'os, mais parallèlement, en ramenant le tranchant vers soi. La patte est là pour l'empêcher de remonter sur la main, si la coupe est trop forte sur la fin.

ah cool merci pour l'info ! Je me coucherai moins bete