Marque déposée par Saint Joanis Bayle en mars 1914, renouvelée en 1930 puis 1945.
Grand couteau (27,5 cm ouvert) à ressort palmaire et manche de bois teinté, probablement du noyer.
Lame yatagan de 11,5 cm à contre-tranchant.
Jolie typographie du poinçon typée début XXe :
Le ressort a vécu, il est un peu souple mais le verrouillage est encore correct. Aucun jeu latéral.
Exemple typique de couteau à cran d'arrêt civil que l'on trouvait très fréquemment dans la poche de nos soldats, achetés par leur soin ou envoyés par les familles. Celui-ci est peut-être plus récent, on ne le saura jamais.
La marque, déposée trois mois avant l'attentat de Sarajevo du 18 juin 1914 qui précipitera les nations européennes dans la première guerre mondiale, évoque évidemment le récent conflit de 1912-1913 qui a opposé la Ligue balkanique (Serbie, Bulgarie, Grèce et Monténégro), appuyée par la Russie, à l'Empire ottoman.
À l'issue de deux guerres successives, la zone est une poudrière où se toisent la Triple Alliance des empires centraux et la Triple Entente (Royaume-Uni, France, Russie). Une simple étincelle suffira à allumer le brasier européen : l'assassinat de l'archiduc héritier d'Autriche à Sarajevo.
Selon Lecoeur et Rouquier, (Les couteaux de nos soldats, éd. Crépin-Leblond), Les "Cra-cra", "Navajas", "Eustache à Bonnot" (selon B. Cendrars) ou "Catalans", furent réquisitionnés par milliers par l'intendance, à Thiers ou ailleurs, pour équiper les soldats en armes blanches. Fin 1915, 46 816 couteaux à cran d’arrêt avaient été expédiés. Avec les grenades et les revolvers, ils servaient à "nettoyer les tranchées" adverses lorsque la troupe réussissait à en franchir plusieurs, pour ne pas laisser le loisir à l'ennemi de tirer dans le dos des soldats les plus avancés.
Trop fragiles et même dangereux, ils seront remplacés par des couteaux de bouchers et des poignards.
Un exemple de ce couteau "semi-règlementaire" est à découvrir
ici.