Bonjour,
Comme l'a souligné Rosalux : ne pas se fier à la ville de fabrication, surtout que la plupart des couteaux traditionnels sont aujourd'hui fabriqués à Thiers. Les laguioles ne font pas exception et, si le laguiole provient initialement de la ville éponyme (avec pour marques emblématiques Calmels, Pagès et Mas cadet, Estival, Besset, Rascalou, Thérias...), Laguiole a peu à peu abandonné la production au profit de Thiers. Ce n'est que relativement récemment que la ville de Laguiole a repris cette fabrication.
Beaucoup de couteaux sont cousins et nombre d'entre eux sont inspirés de l'Yssingeaux, fabriqué depuis le XVIIIe siècle. Essentiellement distribué en Auvergne et dans le Midi de la France, l'Yssingeaux est également appelé "le Bourbonnais" en raison de la forme de sa lame. L'extrémité du manche se termine traditionnellement en bec de corbin (corbeau, en patois).
Un certain nombre de couteaux donc, sont directement issus de l'Yssingeaux : le laguiole originel de 1829, le gascon, le roquefort, le Versailles, le Sauveterre, l'Issoire aussi, avec ses mitres rondes ou plates, qui lui-même a servi de base à bien d'autres couteaux régionaux comme les charretiers, charlois, crosse, etc. tous à mitres rondes ou plates.
L'Issoire était le couteau emblématique des négociants en vin auvergnats. Apparu vers 1888, fabriqué à Thiers et vendu à Issoire, il était doté d'un poinçon de section carré qui servait à percer les outres de vins et à débloquer les bondes des tonneaux, en les piquant pour les faire tourner.
Sa fabrication a été abandonnée au fil du temps, mais la maison Ponson à Thiers en produit aujourd'hui des répliques, ainsi que Fontenille-Pataud.
Classiquement, l'Issoire a pour caractéristiques de base :
- Un manche étroit, allant en s'affinant vers le cul et se terminant par un bec-de-corbin. Il est le plus souvent en ivoire ou en os avec un décor pointillé et possède deux mitres d'acier massif (parfois une seule) : celle de cul est donc en bec-de-corbin, celle de tête est plutôt longue, voire très longue sur des modèles anciens. Elle peut être taillée "en diamant" : l'arrondi final est alors remplacé par deux pans coupés. Les côtes sont souvent fixées sur rosettes affleurantes ou de faible relief.
- Une lame type feuille de sauge, mais à pointe rabattue, dotée d'un contre-tranchant sur environ 1/3 de sa longueur. Au niveau du manche, elle s'articule avec un cran forcé et présente une entablure légèrement débordante.
- Un ressort se terminant par une "mouche" plutôt allongée, en "tête d'homme" ou à pans coupés.
- Le modèle 2 pièces est plutôt la règle : une lame et un puissant poinçon à pointe carrée, dit "marchand de vin" qui aurait eu les faveurs des "bougnats" montés à Paris pour retirer les bondes de fûts.
Plus tard, notamment vers le milieu du XXe siècle, sont apparus de nombreux modèles dérogeant à ces règles. En premier lieu par l'absence de mouche, ce qui simplifiait la production et en abaissait sensiblement le coût. Présence plus fréquente de bois de cerf ou de corne bovine et, plus tard, de polyamide. Raréfaction du pointillage, synonyme là aussi d'économies.
Ici, tu as clairement un laguiole, avec lame et poinçon (ou alène). À l'origine, vers 1830, le couteau n'était pas doté de la lame yatagan que nous connaissons tous et qui n'a été adoptée qu'à la fin du XIXe siècle.
Par ailleurs, voici un moyen rapide de reconnaitre un laguiole fabriqué en France d'un monté ailleurs (Pakistan et Chine principalement) : le rivet central est aligné avec les deux autres sur celui fabriqué en France, tandis que sur l'imitation le rivet central est désaxé par rapport aux autres.
En outre, un laguiole français porte toujours la marque de son fabricant inscrit sur la lame ou sur son talon.
Si tel n'est pas le cas : c'est un faux.
Apparemment, le tien est bien un modèle original.