Navette Nogent à la Mongin (Monneret à Clermont)

Bonsoir à tous,

Je me suis lancé dans la resto d'une navette nogentaise 5 pièces :





Avis aux spécialistes : comment redresser cette vis ?



Le manche, lui, attend patiemment la réponse dans une flute d'huile de lin. Santé !

Vivement la suite ...

Bon mon disque de polissage étant usé jusqu'à la corde et vu que je travaille - on va dire "bâcle" ce sera plus précis - à la perceuse à main levée, je m'arrête là pour le moment.
L'essentiel est fait pour que la navette retrouve la poche du Barbour pour la saison de chasse :
- plus de rouille, que de la patine
- lames propres et bien coupantes, très très coupantes
- pivot et entretoises bien graissés
- corne nourrie et à peu près nette
- plus de jeu dans la grande lame (cran matté à la masse en y allant doucement)

avant/après



gauche :



droite :



déployé :


Voilà ce n'est pas flagrant mais la navette est quand même plus propre.
C'est lourd, massif, robuste, je suis fan.

Beau nettoyage, ils sont super chouette ces couteaux de chasse à palme !

Bedreskungs a écrit:

ils sont super chouette ces couteaux de chasse à palme !

Beau travail

C'est pour la chasse sous-marine?

"à la Mongin"

J'avoue que c'est pas pour dire du mal des artisans français (et a fortiori nogentais), mais quand on compare le boulot de Mongin à ces anciens couteaux de chasse (droits ou yatagan, multipièce ou pas), franchement, y a pas photo...

Ba c'est plus propre

spiralo a écrit:

"à la Mongin"

J'ai dit une bêtise ?

Bedreskungs a écrit:

J'avoue que c'est pas pour dire du mal des artisans français (et a fortiori nogentais), mais quand on compare le boulot de Mongin à ces anciens couteaux de chasse (droits ou yatagan, multipièce ou pas), franchement, y a pas photo...

Allez, c'est cadeau !




Mais je serais plus nuancé, la production actuelle de Mongin est vraiment spectaculaire.
Yatagan splendides, navettes sans défaut, je ne parle pas de l'Hemingway...
Seul l'acier inox de la lame principale fait tache.

Ce qui fait tache c'est surtout le peu de "caractère" des lignes, les palmes avec un gros rectangle et pas une griffe, comme le coup de poing, les prix conséquents. Comme dit Brede, rien à voir avec les anciens couteaux à griffe nogentais.

Oui, je suis assez d'accord. Les finitions sur les Mongins sont généralement très belles, l'assemblage est bon, l'ouverture est fluide, le poli est impressionnant... c'est plutôt niveau design que ça pèche. Les yatagans de Mongin par exemple, je trouve qu'ils font patauds par rapport à la ligne fluide et impeccable des anciens yatagans nogentais. Les crans de Mongin "recopient" plus ou moins les cra-cra thiernois, ce qui est sans doute moins chiant à faire que les griffes d'origine mais qui est moins classe. Les ressorts sont plus larges et moins travaillés niveau formes, les contre-tranchants moins visibles. En fait en regardant un yatagan Mongin j'ai l'impression qu'il a plus ou moins copié les cra-cra thiernois de grande consommation, mais en plus soigné, quoi.

Bon, puis y a le prix très élevé, aussi, on va pas se le cacher. Après y a une forme de chez Mongin dont j'apprécie assez le charme, c'est le facette, surtout avec un manche en buffle. Le côté très géométrique et Art Déco me plaît assez.

Pas si moche le Yatagan je trouve

Oh, c'est pas moche dans l'absolu, juste moins beau que l'ancien

L'enquête continue : après un rapide coup de fil à M. Monneret, qui tient toujours boutique à Clermont Ferrand, j'en ai appris un peu plus sur cette navette.
"9 chances sur 10 que ce soit un Mongin"
M. Monneret n'a pas commandé lui-même le moindre Mongin en 40 ans d'exercice mais, "si la lame est carbone, il s'agit d'un lot commandé par mon père... après guerre, en tout cas pas après les années 50."

sympathique !

Un Mongin pas signé ? J'y crois pas trop.
Les Mongin aiment bien faire croire qu'ils étaient les seigneurs du palme nogentais, c'était très loin d'être la réalité.

Pareil, c'est un peu trop "classique" pour être dans le style Mongin, je trouve. Après comme il y a pas de signature ou d'initiales on trouvera sans doute jamais qui c'était... mais pour la datation, je dirais entre-deux guerres, peut-être même plus ancien.

C'est carrément original la mention "Made in France" sur l'anneau, j'avais jamais vu ça avant. Ça peut peut-être être un indice ?

spiralo a écrit:

Un Mongin pas signé ? J'y crois pas trop.
Les Mongin aiment bien faire croire qu'ils étaient les seigneurs du palme nogentais, c'était très loin d'être la réalité.

D'autant que l'atelier a été fondé en 1956. On retrouve toutefois des Mongin dans le bassin nogentais dès 1820 (cf La coutellerie des origines à nos jours)

Bedreskungs a écrit:

Pareil, c'est un peu trop "classique" pour être dans le style Mongin, je trouve. Après comme il y a pas de signature ou d'initiales on trouvera sans doute jamais qui c'était... mais pour la datation, je dirais entre-deux guerres, peut-être même plus ancien.

C'est carrément original la mention "Made in France" sur l'anneau, j'avais jamais vu ça avant. Ça peut peut-être être un indice ?

Oui jamais vu un tel anneau auparavant !
La navette est entre les mains d'un coutelier parisien pour une restauration plus poussée...

Une hypothèse en passant : si la plupart de ces couteaux se ressemblent, ce n'est pas la cas du guillochage des tire-bouchons !
à chacun son nombre de rayures ?

Mongin :


Eugène Guyot à Nogent (celui de Routu je crois) :


Ch. Guerre à Langres :


Le Monneret :

Il y avait même une usine Laurent-Mongin à Nogent au début du XXe, et un magasin Mongin Aîné (40, rue Philippe-Auguste) à Paris à la même période, mais je ne sais pas si les deux étaient liés. Cependant j'ai pas entendu dire qu'ils fabriquaient des pliants, leur truc c'était plutôt la grosse coutellerie/taillanderie type couperets, hachoir berceuse ou feuilles de boucher. D'ailleurs j'ai une feuille de boucher de chez eux en bon état.

Ce palme a très probablement été fabriqué par un artisan et marqué direct au nom du revendeur. Je sais que la grosse coutellerie se faisait en usine, mais je ne sais pas ce qu'il en était des pliants proposé par les fabriques - j'ai tendance à penser qu'ils étaient fabriqués par des ouvriers à domicile ou sous-traités par des artisans locaux.

C'est effectivement ce que m'a confirmé la responsable du musée de la coutellerie de Nogent :

"Rares sont les informations à notre disposition sur les modèles de couteaux et notamment sur le « navette » qui caractérise surtout la coutellerie de poche (couteaux, canifs) et peu celle de la chasse ; ces modèles sont conservés dans les collections du musée (datation : XIXe/XXe siècle).

Les catalogues imprimés commercialisés par les maisons de commerce en coutellerie (qui faisaient travailler en sous-traitance les artisans) ainsi que les catalogues-manuscrits (dessinés et gouachés) desdites maisons représentent un certain nombre de modèles dont des navettes. Les artisans-fabricants étaient généralement spécialisés dans une catégorie de coutellerie – ce recensement est un travail laborieux que nous avons à peine commencé à établir.

Notre photothèque est essentiellement constituée de photographies prises en interne, à des fins d’étude des collections. Elles ne sont pas vouées à être publiées eu égards à leur piètre qualité. Je joins tout de même à ce mail un exemple d’un modèle navette (coutellerie de poche et de chasse) caractéristique de la coutellerie de Nogent" :



E. Martin à Neuilly L'Évêque
Musée de la coutellerie, Nogent (52).

Un ressort palmaire en beau damas avec un dessin évoquant celui de Guillemin Renaut :

Bedreskungs a écrit:

mais je ne sais pas ce qu'il en était des pliants proposé par les fabriques - j'ai tendance à penser qu'ils étaient fabriqués par des ouvriers à domicile ou sous-traités par des artisans locaux.

Yep, atelier familial, coutellerie artisanale tel qu'on la définit de nos jours.

CoutèlSannadou a écrit:

On retrouve toutefois des Mongin dans le bassin nogentais dès 1820 (cf La coutellerie des origines à nos jours)

Yep, mais à Chaumont, Biesles pour l'autre.
A noter y avait aussi une coutellerie "Mongin" à Marseille qui faisait sous traiter ses pliants à Nogent.
Le Mongin de Paris était bien fabriquant, mais il faisait dans le style espagnol.

De retour de chez maître Gérard Krief :






Là c'est propre !
Il m'a redressé la vis-pivot, poli, affuté et huilé le tout.
Du beau travail.

Beau travail

Très joli ! Le voilà impeccable à présent !

Il a belle allure!

Ça a pris un peu de temps mais le résultat est vraiment satisfaisant !
Rien à dire ces navettes étaient bien foutues

Pour le manche il a pas fait grand chose , il y a mieux à faire